Je me réveille. Il est sept heures et demie. Mes cours commencent à neuf heures. Je me dirige vers la salle de bain, me lave, m'habille. Il est maintenant huit heures. Je reste dans le canapé, à regarder la télé. C'est la rentrée... J'étais bien toute seule pendant l'été. Je ne voyais personne, je n'entendais personne... Et je ne lisais les pensées de personne... Mais ça va changer aujourd'hui... Toutes ces personnes méprisantes et arrogante vont encore raconter des rumeurs débiles à mon sujet en...

A force de penser a toutes ces choses, je n'avais pas vu le temps passer, et je dois partir. Je me dépêche de sortir et je cours au lycée. J'habite tout près. Heureusement. Je n'aurais jamais supporter de prendre le bus, je déteste ça. J'arrive à la sonnerie. En arrivant, je sens les regards de tous mes camarades -si on peut appeler ça des camarades- se poser sur moi en chuchotant et en pensant tous les même choses : « Elle est bizarre... Elle me fait peur... On dirait un zombie... J'espère qu'elle ne va pas me lancer une malédiction... Elle est flippante cette meuf... » je rentre en classe. Pas un seul bruit. Puis la professeur, Madame Adams, fait l'appel. Elle oublie mon nom, je me garde de lui faire la remarque, tout comme les autres d'ailleurs. Elle commence à présenter l'emploi du temps, le programme de l'année, etc... Mais je n'écoute pas. Je suis absorbée par quelque chose dehors. Je ne sais pas quelle chose, mais j'ai comme une boule au ventre. J'ai un pressentiment. Bon ou mauvais, je n'en sais rien. Soudain, Mme Adams dit quelque chose qui attire mon attention.

 - Bon, maintenant que je vous ai expliquer l'essentiel de cette année, je vais vous annoncez quelque chose. Un nouvel élève va être transféré. Aujourd'hui.

Shelsy, une des pimbêches de la classe, prend la parole.

 - Est-ce-que c'est un garçon ?

 - Oui Shelsy, c'est un garçon.

 - Super !

Je lis ses pensées : « J'espère qu'il est canon ! » Pff...

 - Et il s'appelle comment ? demande Charlotte, une autre pimbêche.

 - Autant le laisser se présenter, dit Mme Adams, tu peux entrer, fait-elle à l'intention du garçon derrière la porte.

La porte s'ouvre et un garçon entre, il est brun, a les yeux noirs et le teint légèrement halé . Je le regarde -ou plutôt le contemple-, il est beau. Très beau. Il prend la parole, il a une belle voix aussi.

 - Je m'appelle Jake, j'ai seize ans.

 - Rien d'autre ? demande la professeur.

 - Non.

 - Bien, tu peux aller t'asseoir alors.

Il balaie la salle du regard. Aucune place n'est libre, a part une. Celle à côté de moi. Tous les regards se posent sur moi, puis sur lui. Jake avance vers moi.

 - Je peux m'asseoir ici ? demande-t-il, sans une once de peur ou de dégoût. Après tout, il ne me connait pas. Pas encore...

Tout le monde le regarde, horrifié.

 - O-oui... bredouillé-je en le regardant dans les yeux. J'essaye de lire ses pensées depuis qu'il est entré, mais en vain. Son esprit est impénétrable. Je ne comprends pas. Pourquoi je n'y arrive pas ?

Jake s'assoit. Il me regarde longuement dans les yeux, comme pour me faire passer un message. Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à lire ses pensées mais ce que je sais c'est qu'il n'est pas comme les autres. Il dégage quelque chose que les autres ne dégage pas... Je détache mes yeux des siens et regarde droit devant moi. Il fait de même. Non ne parlons pas pendant toute l'heure, il a dût sentir que je suis détester, et ne veut pas foutre sa réputation en l'air...

La matinée passe rapidement, étant donné que j'étais perdue dans mes pensées. A l'heure du déjeuner, je prend vite mon repas, toute seule, au fond du self. Je cherche des yeux Jake, sans le trouver. Je fini pas laisser tomber et quitte le self. Je me bousculée par Shelsy à la sortie, qui m'agresse tout de suite.

 - Tu peux pas faire attention putain ?!

Je la regarde. Elle détourne tout de suite les yeux, encore cette histoire de malédiction...

 - La prochaine fois, évite de bousculer les gens !

Puis elle s'en va, en baissant les yeux. Je ne fais plus attention à ce genre de réaction. Je monte sur le toit, comme toujours, pour me retrouver seule. Là-haut, je n'entends plus les pensées de toutes ces personnes détestables. Je m'agrippe à la rampe, et détache mes cheveux, les laissant libres. Je me sens bien ainsi. Je reste comme ça quelques minutes, avant d'être arrachée à ma rêverie pas une voix.

 - Alors toi c'est comme ça que tu te contrôles ?

Je me retourne en sursautant, je n'avais pas remarquer sa présence, d'habitude j'y arrive, mais pas avec lui... Jake.

 - Qu-qu'est-ce-que tu fais là ? Depuis quand... commencé-je en rougissant de honte. Jusqu'ici, personne ne m'avait vu comme ça. Sereine.
 - Depuis le début. Je dormais, répondit-il, avec désinvolture. Il n'a pas peur de moi, ça se voit. Il ne sait pas encore à propos de la « malédiction ».
 - Alors... Tu-tu...
 - Oui je t'ai vu. Tu sais, c'est pas si grave de se relâcher quand on est seul.

Il s'avance vers moi. Je veux partir, mais je ne peux pas. Je suis comme collée au sol, par une force invisible.

 - Oui... Mais je n'étais pas seule.
 - Vrai. (il sourit, je me sens rougir)

Un silence s'installe entre nous, il me regarde, avec dans ses yeux d'un noir profond, une lueur de malice. Il sourit toujours. Je le regarde, mi apeurée, mi stupéfaite. Il me parle comme si c'était une personne tout à fait normale. Il s'avance un peu plus, il n'est maintenant qu'a quelques centimètres de moi. Je ne peux pas reculer, je me sens rougir encore plus. Jamais personne n'a été aussi près de moi, encore moins un garçon -aussi beau, qui plus est-. Il prend la parole. Ses mots me cloue littéralement au sol.

 - Je sais qui tu es, Heaven.

Je ne peux plus bouger. Je le regarde, abasourdie.

 - Que... de... de quoi tu parles ? dis-je en bégayant.

Mon cœur n'a jamais battu aussi vite. Je transpire. J'ai peur. Et si il connaissait mon secret ? Qui est-il réellement ?

 - Je sais ce dont tu es capable, qui tu es réellement.

Il dit ça comme si c'était la chose la plus naturelle au monde. Il me sourit encore, mais je vois qu'il est très sérieux.

 - De quoi tu me parles ? répondis-je ,avec plus d'assurance cette fois.
 - De ton (il marque un courte pause) de tes pouvoirs idiote !
 - De... mes... pouvoirs ?

Comment est-il au courant pour mon pouvoir ? Je ne comprends rien ! Qu'est ce qui se passe là ?

 - Bah tes pouvoirs quoi ! S'il te plait ne fais pas semblant avec moi, tu peux me faire confiance.

Je prend une grande bouffée d'air. Je sens que je peux lui dire, même si je ne sais pas pourquoi je ressens ça. Je relève la tête, et parle sans avoir peur.

 - Alors déjà, je n'ai qu'un seul pouvoir. Et comment ça se fait que tu sois au courant ?
 - C'est vrai qu'aussi jeune, tu n'en a qu'un. (il recule) Celui de lire dans les pensées c'est ça ? Non, ne me réponds pas, je le sais. Mais tu ne peux pas lire dans les miennes pas vrai ? C'est normal, mon espèce est imperméable aux pouvoirs de la tienne.

J'en reste bouche bée. Je le regarde, avec les yeux qui me sortent de la tête. Comment il sait tout ça ?! Et qu'est-ce-que ça veut dire « espèce » ?! Je suis pas un animal ! Et lui non plus !

 - Oh allez fais pas comme si tu savais rien. Bon c'est vrai que toi t'es bizarre. Normalement, ton espèce est affreusement moche, et ne parle pas. Alors que toi bah... (il fait une pause, me regarde, puis reprend) tu parles.
 - Mais-mais... mais je te jure que je ne sais absolument rien ! Et pourquoi t'arrêtes pas de parler d'«espèce» ?
 - Attend, t'es sérieuse ? Tu sais vraiment rien ?
 - Non.

Il a l'air vraiment troublé. Il me regarde, perplexe, comme si il ne comprenait pas le fait que je ne sache rien.

 - Si c'est ce que je pense... Alors ça explique tout. Le fait que tu es apparence humain, que tu puisses parler et que tu ne sache rien à propos d'Erédia.
 - Hein ? Eréquoi ?
 - Tu es... Un sang pur. Une Silencieuse de sang pur.

Son visage se ferme. Son sourire s'éteint. Il a un air mi grave, mi stupéfait.

 - Un sang pur ? Moi ? Une Silencieuse de sang pur ? Attends, je comprends rien là.
 - Tu... tu saura tout bientôt. Je peux juste te dire que tu es spéciale, Heaven, vraiment spéciale, répondit-il avec un air triste.

Quoi ? Pourquoi il est comme ça ? D'un coup... Il est nerveux. Ça se voit à son comportement.

 - Ok ok ok... deux secondes d'accord ? Toi, t'es quoi au juste ?
 - On va dire que je suis juste Jake pour l'instant, d'accord ? Pas trop de choses en une seule fois, tu risques de t'évanouir. Je reviendrais te voir plus tard, et je t'emmènerais là où tu comprendras. A plus tard.

Et il s'en va. J'ai encore tellement de questions. Je suis restée là, debout, les yeux dans le vide, à moitie sonnée. Je n'ais absolument rien compris à ce qu'il s'est passé. C'est allé tellement vite.Je m'effondre, à genoux, par terre. Je suis épuisée.

Après ça, je retourne juste en cours, comme un zombie. Je n'écoutes plus rien ni personne, je suis totalement perdue dans mes pensées. L'après-midi passe à une vitesse fulgurante. Je rentre chez moi et m'assieds dans le canapé. Je reste ainsi quelques temps, puis je vais me doucher, je me mets en pyjama et je mange en regardant une autre de ces émissions débiles pour attardés. Vers onze heures, je vais me coucher. Mais cette nuit ne dure pas longtemps. Aux alentours trois heures du matin, j'entends des bruit venant de la cuisine. Je me lève, cheveux en batailles, encore à moitié endormie, et toujours choquée par les événements de la veille. Bref, on peut dire que j'ai la tête dans le cul. J'avance, et voit une silhouette qui... prend à manger dans le frigo !? Puis cette silhouette ferme le frigo, un sandwich à la main, et m'aperçoit.

 - Oh, tiens, salut, fait cette voix que je connais maintenant assez bien..
 - Qu-qu'est ce que tu fais là Jake ? Et pourquoi tu te sers dans mon frigo ?
 - Je viens pour t'emmener, répond-t-il avec désinvolture, et j'avais faim.

 - M-m'emmener où ? Et remet ce sandwich à sa place s'te plait.
 - Bah à l'endroit dont je t'ai parler hier. Je peux pas le garder pour la route ? (il sourit) Joli ton pyjama.

Je me sens devenir écarlate. Je viens juste de me rappeler que j'avais mis, en guise de pyjama, un short et un débardeur moulant. J'essaye de reprendre mes esprits. Je croise les bras.

 - Attends... je croyais que tu m'y emmènerais pendant les cours (je montre la fenêtre) ou du moins durant la journée ! Et pour le sandwich, fais ce tu veux.
 - Impossible. On ne peut s'y rendre que pendant la nuit. (il m'adresse un sourire enfantin qui me fais rougir) Merci !
 - Ah bon...

Je m'étonne moi-même de la façon dont je réagis et lui parle. Avec tellement de détachement et de désinvolture. Je me sens étrangement en confiance avec lui.

 - Bon, arrête de blablater et va te préparer. Mets une tenue noire et confortable. Enfin mets pas un truc du genre jogging hein ! Tu me comprends.

Ah bah ça va. Pas du tout exigeant. Je ne réponds pas et me dirige vers ma chambre. Je m'habille en essayant de respecter les caractéristiques données. Je m'attache les cheveux en queue de cheval haute et je le rejoins dans le salon. Il m'attend, au centre. Il a une mine très sérieuse. Il à l'air perdu dans ses pensées. Cela le rend encore plus beau. La lune se reflète dans ses iris d'un noir de jais et affine son visage. Ses cheveux retombe sur son front en faisant quelques boucles discrètes qui paraissent douces -elles le sont sûrement, comme son visage-. Son nez est fin et sa bouche de même, faisant ressortir la beauté de ses grands yeux. Il se tourne vers moi avec un air surpris. Apparemment, il ne m'avait pas remarquer.

 - Ah, ça y est tu es prête. On va pouvoir y aller.
 - Et... Comment ?

Il fait un sourire en coin et un éclat apparaît dans ses yeux. D'ailleurs, je ne m'étais même pas demander comment il était rentrer chez moi.

 - Tu vas voir. Approche.

Je m'approche, sur la défensive et avec une mine perplexe. Arrivée à environ 1 mètre de lui, je m'arrête.

 - Non, t'as pas compris. Quand je te dis approche, ça veut dire colle-toi à moi.

Je le regarde comme si il était fou. Me coller à lui ? Quoi ?

 - Si tu veux pas, pas grave. Mais tu te retrouvera sûrement coincer entre 2 mondes, à errer dans les limbes.
 - N-non, c'est bon, j'arrive.

Plus je m'approche, plus je rougis. Je suis maintenant à quelques centimètres de Jake. Il m'enlace et me serre contre lui. Je peux sentir son torse chaud contre moi et entendre son cœur battre. Lui aussi sûrement. Cette pensée me fait littéralement exploser de l'intérieur, je sens mes tempes battre à tout rompre et mon cœur prêt à bondir hors de ma poitrine. En levant les yeux, je me rends compte à quel point il est grand par rapport à moi. Il doit faire plus d'un mètre quatre vingt alors que moi je fais à peine un mètre soixante. Il est musclé. Je n'ose pas le regarder dans les yeux, alors je les ferme.

 - Agrippe-toi à moi, me prévient-il.
 - Non non ça va.
 - ( il soupire) Bon, comme tu voudras.
 - Attends, tu compte faire quoi là ?
 - Tu verras je t'ai dis.

Il ne parle plus, sort quelque chose de sa poche que je ne parviens pas à voir, et, en moins d'une seconde, je me sens comme emportée par un ouragan, je serre les paupières et m'agrippe de toute mes forces à Jake. Puis, tout s'arrête. Je sens un sol sous mes pieds. Peut-être que ce n'est qu'une illusion, alors je reste ainsi quelques instants encore avant que Jake ne me décolle de lui en m'agrippant les épaules. J'ouvre les yeux. Il me sourit.

 - On est arrivé Heaven. Bienvenue à Erédia.

En face de moi s'étend une sorte de paysage tout droit sorti de conte de fées. Il y a pleins de petites maisonnettes identiques qui se suivent et qui forment une allée vers un château immense dont les tours s'élèvent jusqu'au ciel. Il fait jour, bien jour même. Autour de Jake et moi, je vois toutes sortes de monstres, de lutins ou de fées qui se promènent tranquillement. A ma droite, une petite fée avec les ailes roses pâles et les cheveux bleus tressés remplis de fleurs sort d'un magasin qui vend des potions de couleurs improbables. Devant moi, une créature faisant 3 fois ma taille marche en direction de la forêt qui s'étend derrière nous. Il -ou elle- a... 30 yeux qui se suivent en rangées sur ce qui paraît être sa tête et n'a ni bouche, ni nez. (il passe devant nous et je parvient a voir son dos) Ah, si il en a. Il est recouvert de poils gris de la tête aux pieds -ou plutôt aux pattes- qui sont eux armés de griffes noires. Je n'en revient pas. Je reste là, bouche bée, avant de regardé Jake, qui me sourit.

 - Tu... souris ? Mais-mais-mais-mais...
 - Oui, je comprends, ça doit sûrement te faire bizarre, tu n'as pas l'habitude de tout ça.
 - Ah bah c'est le moins qu'on puisse dire !
 - Ne t'inquiète pas, on va aller voir quelqu'un qui t'expliquera tout.

Une jeune femme avec la peau bleue, les cheveux rouges et de grands yeux verts anis s'avance vers nous. Elle porte une longue robe rouge bustier qui met bien en valeur ses formes. Je me sens ridicule avec ma tenue toute simple. Elle a un long nez et une bouche charnue rouge foncée. Elle croise les bras, ce qui me permet de voir ses longs doigts fins se finissant par des ongles aiguisés comme des rasoirs de couleurs rouge sang, assortis à sa tenue et ses cheveux. Elle me regarde, puis Jake.

 - C'est qui elle ? T'amène une humaine ici ? demande-t-elle avec un air presque dégoûét.
 - Salut Armilca. Heaven, voici Armilca. Armilca, Heaven. Et ne te fie pas aux apparences, elle n'est pas humaine.
 - Oh, et elle est quoi alors ? fait-elle avec un air hautain.
 - Une Silencieuse.
 - (elle s'esclaffe) Une Silencieuse ? Tu te fous de moi ? A moins qu'elle ai pris une potion très puissante ou payer un sorcier très cher je doute que ce soit une Silencieuse ! (elle désigne une créature difforme sans bouche et avec 3 yeux globuleux) Ça, c'est une Silencieuse !
Quoi ? Comment elle peut me comparer à ce truc ?! Si ça se trouve, c'est ça ma véritable apparence... Je regarde Jake, mais il ne me remarque pas, trop occupé a débattre avec Armilca.

 - Je t'assure que c'est une Silencieuse.

Armilca le regarde toujours avec son air hautain, jusqu'à ce qu'un éclair passe dans ses yeux et qu'il s'éteigne, ainsi que son sourire moqueur. Elle me regarde. Je peux sentir la peur en elle. Ses pensées sont brouillées, comme si elle était trop troublée pour pouvoir penser correctement, et je n'arrive pas à distinguer un seul mot. Jake a eu la même réaction quand il a compris que j'étais un « sang pur ». Je ne comprends pas. Qu'est ce qui peut leur faire peur dans le fait que je soit comme ça ? Elle détache ses yeux de moi pour les poser sur Jake.

 - Mais... c'est impossible. Depuis...
 - Je sais. J'ai eu la même réaction que toi. Je l'emmène voir le roi, peut-être qu'il saura expliquer son existence.

Je ne peux plus me retenir, j'interviens.

 - Attends, quoi ? Mon existence ? Je suis pas censée exister ?!
 - S'il te plait, Heaven. Je ne peux rien dire avant d'avoir vu le roi.

Il me jette un regard grave. Je peux voir, sans utiliser mon pouvoir -de toute façon je n'y parviens pas avec lui-, qu'il est troublé, très troublé. Armilca me regarde une dernière fois avant de continuer son chemin, sans un mot. Jake la regarde partir, puis sans parler, se dirige vers le château. Je décide de rompre ce silence insupportable et de lui demander ce qu'on va faire là-bas.

 - Jake, pourquoi on va voir le roi ?
 - Si t'avais écouter la conversation avec Armilca, tu l'aurais su.

Il ne sourit plus et a les sourcils froncés. Il semble perdu dans ses pensées, alors je me tais, un peu vexée. On arrive en peu de temps -moins que je ne l'aurais pensé- au château. Une immense porte haute de plusieurs mètres se dresse devant nous. Elle s'ouvre comme par magie -pas étonnant- sur une vaste étendue... d'herbe. Oui, de l'herbe recouvre tout le sol du palais, jusqu'à un trône ayant pour base un tronc d'arbre. Je suis ébahie. J'entre en compagnie de Jake qui ne parle toujours pas et la porte se referme -encore comme par magie- derrière nous. Je ne parviens pas à voir le plafond tellement il est haut. Les murs sont principalement fait de bois et sont à l'exact opposé de ce qu'on pourrait imaginer en observant la façade du château. Des troncs d'arbre larges servent de piliers et les escaliers sont recouverts de mousse. Je ris intérieurement. Ce n'est pas vraiment l'idée que je me faisais d'un palais « tout droit sorti d'un conte de fées ». Je m'avance, avec Jake à mes côtés et m'arrête à environ 3 mètres du trône vide. Il règne un silence de mort. Je me retourne l'espace d'un seconde pour observer un peu plus l'intérieur du château et en me retournant, je vois un minuscule bonhomme assez bedonnant et avec les joues roses assis sur le trône. Il porte une couronne qui fait 2 fois la taille de sa tête -qui est ronde comme un ballon- et un long manteau trop grand pour son petit corps. Je réprime un sourire. C'est lui, le roi ? Il nous regarde avec un œil sévère. Il n'a pas l'air très accueillant le p'tit homme tout rond. Jake prend enfin la parole.

 - Bonjour.

Tiens, il ne s'adresse pas comme si c'était le roi. Sans formalité, ni révérence... Peut-être qu'en fin de compte ce n'est qu'un rigolo qui s'assied tranquillement sur le trône du roi.

 - Bonjour bonjour ! Quel plaisir de t'accueillir dans mon palais après si longtemps. Tu n'étais pas revenu depuis des années.

Ah bah si, c'est bien le roi. Il a une voix joviale et enthousiasmé, et sourit. Son apparence sévère s'est totalement évaporée. Jake a l'air tendu, je me demande ce qui a pu provoquer son humeur fracassante d'un coup.

 - Si. Je suis revenu il n'y a pas si longtemps mais je ne suis pas venu au palais.
 - C'est bien ce que je dis. (il me regarde) Qui est-elle ?

Je sens que je ne dois pas parler pour l'instant, alors je me tais.

 - Elle s'appelle Heaven.
 - C'est une humaine ? Que vient faire une humaine ici ?
 - Ce n'est pas une humaine. C'est une Silencieuse.
 - Non, les Silencieuses ne sont pas... Oh. Je vois.

Il me regarde fixement, comme si il voyait un être vivant pour la première fois. Il à l'air surpris, voire ébahi mais ne semble pas avoir peur. Enfin, c'est ce que je pense étant donné que je n'arrive pas non plus avec lui à lire ses pensées. Il me fait signe d'approcher, ce que je fais. Je suis à un mètre de lui. Il descend de son trône et vient vers moi. Il m'arrive au niveau du ventre, c'est assez ridicule. Par politesse, je m'accroupis pour arriver à sa hauteur et je vois ses yeux d'un bleu presque blanc me fixés. Il reste ainsi un long moment, à m'observer, sans dire un mot. Puis, en jetant un regard à Jake, et enfin en me regardant à nouveau dans les yeux, et en souriant, parle enfin.

 - Un sang pur, hein ? Voilà qui est intéressant.