• Sixteenth chapter.ღ

     

    Sixteenth chapter.ღ

    Je continue mon chemin avec de la musique dans les oreilles. Arrivée chez moi, je fais ma routine sans importance de l'après-midi et de la soirée, puis pars me coucher sans m'arrêter de penser à Jake et à Joyce, aussi. Je ne parviens à m'endormir qu'au bout de deux bonnes heures de cogitation insupportable.
    Le matin, je me réveille avec une migraine douloureuse. Je me lave le visage en évitant de me regarder. Je prend des habits sans me soucier qu'ils soient discrets ou pas, plus besoin de ça, ras le bol. Et puis, finalement, j'ai des habits plutôt beaux dans ma penderie. Au moment de m'attacher les cheveux, je lâche l'élastique et laisse mes cheveux au naturel. Je les ébouriffe un peu pour ne pas que cela donne un aspect serpillière plate et je pars au lycée un gâteau dans la bouche et la musique dans les oreilles. Je me sens assez bien finalement -sans compter la migraine-. Pourtant, ça ne devrait pas être le cas, pas du tout. Entre « l'incident » avec Shelsy, ma soi-disant mère, mon amour pour Jake et puis Joyce, l'amie de Jake... Mais c'est tout de même le cas. Je suis un peu bizarre quand même... 

    Avant d'entrer dans l'enceinte du lycée, je prend une grande et très longue inspiration. À la seconde où je rentre, tous les regards se tournent vers moi. Ils pensent tous «  elle ose revenir après ce qu'elle à fait hier ? » ou « pour qui elle se prend ? » ou encore « elle en a du culot elle, se pointer alors que Shelsy est encore sous le choc, et en plus avec ces fringues ! ».
    Je dois avouer que j'en ai peu à faire de ces remarques idiotes. Je me suis rendue compte que ça ne valait pas le coup d'y faire attention, comme je le faisais avant.
    J'aperçois Jake plus loin et en me dirigeant vers lui, je vois quelqu'un à côté de lui. Joyce. Ils sont en train de rigoler, et on l'air très proches. Je trouve ça agaçant. Vraiment très saoulant en fait. Je m'avance vers eux, puis me racle la gorge. Ils sursautent tous les deux en même temps. Joyce semble perturbée par quelque chose, mais je n'arrive pas à lire ses pensées. Franchement, à quoi me servent ces pouvoirs si je ne peux même pas les utiliser...

    Jake me salue, puis vient au tour de Joyce, qui elle m'adresse un « bonjour Heaven ! » rayonnant. Je les salue en évitant soigneusement le regard de Jake. 

    - Joyce, pourquoi tu es là ?, demandé-je, peut-être un peu trop brusquement.
    - Ah bah... j'ai retrouvée Jake hier alors je suis revenue aujourd'hui et puis je vai s intégrer votre classe, pour passer plus de temps avec lui... et toi aussi. 

    Je l'écoute, un peu surprise.  

    - Vous vous connaissez depuis longtemps, tous les deux ?, demandé-je à Joyce pour changer de sujet. 

    Elle rigole et regarde Jake qui sourit en coin. 

    - Depuis toujours, en fait. Il est né deux jours après moi. Nos deux familles étaient très amies, donc on est devenus proches très vite. 
    - Oh, d'accord... C'est drôle, je croyais que les renards et les loups ne s'entendaient pas...
    - Ne crois jamais les histoires. Au contraire, ils sont très souvent amis. (une lueur apparaît dans ses yeux) Par contre, je peux pas dire la même chose en ce qui concerne les Silencieux de sang pur et les loups-garou... 

    À ce moment, Jake me jette un coup d'œil discret, mais je ne lui rend pas. Je me contente de fixer Joyce. Je me racle -encore- la gorge. Au moment où je m'apprête prendre la parole, la cloche retentit et tout le monde se dirige vers le bâtiment principal. Je suis ceux de ma classe en essayant de rester discrète, tandis que Joyce et Jake discutent bruyamment à environ un mètre de moi.
    J'entre dans la classe d'histoire en soupirant. Je pars m'installer dans le coin au fond, près de la fenêtre. Évidemment, tous les regards se tournent vers moi au moment où Shelsy entre. Elle a une mine affreuse. Cheveux ébouriffés, pas maquillée et habits très simples -ce qui n'est absolument pas normal-, elle n'ose même pas me regarder. Je lève les yeux au ciel pour montrer que je m'en fous, et pose mes affaires sur la table. Du coin de l'œil, j'aperçois Jake s'asseoir à l'autre bout de la salle. Joyce, elle, se tient sur l'estrade et sourit. Elle passe la main dans ses cheveux d'or en balayant la salle du regard. Tous les garçons de la classe regardent Joyce avec limite la bave au coin des lèvres, et elle le sait, ça se voit. 

    - Alors, je vous présente... commence Mr Gibson, le prof d'histoire détestable et qui fait facilement quatre vingt-dix ans alors qu'il n'en a que soixante. 
    - Joyce Webster. J'ai 16 ans et je viens d'arriver en ville, finit Joyce en souriant.

    Mr Gibson la regarde, l'air contrarié puis lui dis d'aller s'asseoir. Sans surprise, elle part s'asseoir à côté de Jake. Le professeur commence à faire l'appel. Shelsy Anderson, Joey Adams...
    Pendant ce temps, je me perd dans mes pensées. J'entend mon prénom résonner dans ma tête, mais je n'y fais pas attention.

    - Heaven Caldwell !, hurle Mr Gibson, ce qui me sort de ma torpeur avec un sursaut.

    Apparemment, les profs, eux aussi, n'ont plus peur de moi. Je balbutie un « oui », puis le professeur soupire bruyamment avant de poursuivre. April Craig, Mary Davidson, Jake Eastwood...
    Mr Gibson fait une pause en n'entendant pas Jake répondre. Il est trop occupé à discuter avec son « amie » pour entendre le professeur répété son nom. J'entend Jake répondre d'un coup avec un ton de colère, puis le prof protester et se plaindre en disant que nous sommes une classe trop dissipée et qu'il ne nous supporte plus, puis après je n'écoute plus. Je suis déjà perdue dans mes dessins. J'ai déjà rempli toute la marge de mon cahier, alors je m'attaque au milieu de page. Je commence par dessiner des yeux à l'iris bleus, puis des ailes d'ange repliées, un visage sans bouche ni nez, juste des yeux qui pleurent, Le château d'Érédia avec les petites maisonnettes autour... Ces dessins recouvrent bientôt toute ma page, et le cours vient à peine de commencé. Je lâche donc mon crayon en soupirant et me concentre sur autre chose. Sûrement pas le cours, alors ça non, mais sur le ciel nuageux. Seul quelques rayons de soleil percent les nuages en donnant un aspect de coton -plus qu'il ne l'ont déjà- à ceux-ci. Je scrute l'horizon, parfois distraite par des oiseaux qui volent en faisant tomber les feuilles des arbres, ou encore par le vent qui fait bouger l'herbe qui recouvrent une partie de la cour. Mais soudain, quelque chose attire vraiment mon attention. Une silhouette se dessine sous un arbre. Une personne est debout, à me regarder. Je plisse les yeux pour mieux la voir et je la reconnaît enfin. Ses yeux bleus me fixent avec tendresse et un léger sourire s'étend sur ses lèvres. Je me lève d'un coup de ma chaise en demandant à aller à l'infirmerie puis, sans attendre de réponse de la part de Mr Gibson, je cours hors de la salle en jetant un dernier coup d'œil à Jake. Je cours hors du bâtiment, plus vite que je n'ai jamais couru, et me retrouve très vite dans la cour. Je la vois et me dirige vers l'arbre. Elle ne bouge pas, se contentant de me regarder avec la même tendresse qu'à l'instant.

    - Cette fois, c'est pas un rêve, dis-je, un peu essoufflée. 
    - La dernière fois non plus, me répond-t-elle avec sa belle voix douce. C'était une vision, un message que j'ai voulu te faire passer. 
    - Qui êtes vous ? 
    - Tu le sais déjà, je pense. 

    À ces mots, je me paralyse. C'est donc bien ma mère.


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